Croisades contre les Albigeois
Croyants et Parfaits
Les cathares qu'on appelait « Parfaits » ou « Bonshommes », jouaient en quelque sorte le rôle de prêtres, devaient observer des règles très strictes. Ils étaient astreints à jeûner fréquemment, et certains aliments leur étaient défendus. Ils ne construisaient pas de temples, ils priaient et prêchaient n'importe où. Ils rejetaient tous les sacrements à l'exception du Consolamentum.
Elle concernait les croyants désireux de devenir Parfaits (baptême). Le croyant s'engageait à respecter les règles propres aux Parfaits : ne plus mentir, ni jurer, ne plus avoir de relations sexuelles, régime alimentaire très strict... Recevant l'accolade de ses initiateurs, qui s'agenouillaient ensuite devant lui, le nouveau Parfait était censé sentir descendre sur lui l'Esprit saint.
Tant qu'ils purent afficher librement leurs opinions, les cathares s'habillaient de préférence en noir. Après la répression, ils se contentaient de dissimuler une ceinture noire sous leurs vêtements ordinaires. Leur comportement peut se comparer à celui de certains intégristes religieux de nos jours.
La première croisade contre les albigeois (1209 - 1218)
L'assassinat de son légat amena le pape à riposter contre les hérétiques. Le roi de France, Philippe Auguste, répondit favorablement à l'appel en laissant ses puissants vassaux, le duc de Bourgogne, les comtes de Montfort et de Saint-Pol prendre la tête de la riposte. 300 000 croisés descendirent dans la vallée du Rhône. Le comte de Toulouse, Raymond VI, soupçonné d'etre l'instigateur du meurtre du légat,
s'était rallié à l'Église (par peur d'etre assassiné) et s'était croisé contre ses propres sujets. L'armée des croisés assiégea Béziers, ville solidement fortifiée. Cependant les habitants, forts de ce sentiment de sécurité, assaillirent les campements qui se tenaient aux pieds des murailles. Les mercenaires et chevaliers recrutés pour l'expédition profitèrent que les portes des remparts étaient encore ouvertes
pour entrer dans la cité et pour y faire pénétrer une partie de l'armée. Aux soldats qui se demandaient comment faire pour distinguer, dans la population, ceux qui étaient hérétiques de ceux qui étaient fidèles, l'abbé de Cîteaux, Arnaud Amaury, répondit par cette phrase célébre : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens! »
La mise à sac du Languedoc venait de démarrer : la ville fut incendiée et ses habitants, massacrés. Après Béziers, ce fut le tour de Carcassonne où l'armée arriva en juillet 1209. L'âme de la résistance de la ville fut le vicomte Roger de Trencavel. Le siège dura trois semaines, les assiégeants avaient privé la ville d'eau, obligeant les assiégés à parlementer.
Trencavel qui était venu parlementer fut fait prisonnier par les croisés, en dépit du code d'honneur de la chevalerie. Simon de Montfort, un chevalier croisé courageux, fut choisi pour administrer les biens de Trencavel. Jusqu'à sa mort, en 1218, il sera constamment en guerre contre ses sujets restés fidéles à Trencavel. Sa mort fut accueillie par une liesse populaire .
La seconde croisade contre les albigeois (1226)
En 1226 ,le nouveau roi Louis VIII se révélera etre plus implacable encore que son père Philippe Auguste, alors que les seigneurs et comtes du Midi s'étaient réinstallés sur leurs terres, une seconde armée croisée déferla sur le Languedoc, dirigée par le roi de France en personne. La plupart des villes se rendirent, seule Avignon opposa une âpre résistance de trois mois. La mort de Louis VIII sauva Toulouse d'un nouveau siège, mais les redditions successives de ses vassaux
finirent par convaincre Raymond VII qu'il valait mieux capituler. Par le traité de Meaux, signé en 1229, le comte de Toulouse s'engagea à demeurer fidèle au roi et à l'Eglise Catholique, à mener une guerre intraitable contre les hérétiques et à marier sa fille unique au frère du nouveau roi de France, Louis IX, pour rattacher le Languedoc à la France.
Après la signature du traité et le retour de Raymond VII à Toulouse, le tribunal d'Inquisition fut créé et confié aux Dominicains. Jouissant d'un pouvoir sans limites, les inquisiteurs sillonnèrent le Midi pour débusquer les hérétiques. Mais ces mesures ne suffirent pas à étouffer l'aspiration du peuple du Midi à croire et à vivre comme il l'entendait. Une seconde révolte secoua la région après l'assassinat, en 1242, des juges du tribunal de l'Inquisition par des chevaliers cathares.
La prise du château de Montségur : disparition de l'Occitanie
Une paix fut signée à Lorris en 1243 entre le roi de France et le comte de Toulouse qui marquait la fin de l'Occitanie indépendante et du Catharisme. Pour leur porter le coup de grâce, il fallut cependant prendre la forteresse de Montségur, symbole du refus de l'autorité royale, où s'était réfugiés 400 Cathares. La position de la forteresse (un pic dominant de plus de cent mètres des terres voisines) donnait un sentiment de confiance immense aux assiégés.
Durant une année, ils défièrent avec succès l'autorité du Roi. Les 10 000 soldats engagés dans le siège ne pouvaient que constater l'inefficacité des catapultes contre les remparts. Cependant, une nuit de juillet 1244, grâce au renfort d'un groupe de montagnards habitués à l'escalade et connaissant parfaitement les lieux, les assiégeants réussirent à pénétrer dans la place par surprise et obtinrent sa capitulation complète.
Ne disposant plus d'aucun refuge, pourchassés par les inquisiteurs, les derniers Cathares vécurent comme des bêtes traquées. Certains Parfaits émigrèrent en Catalogne, en Sicile et en Lombardie. Ainsi disparaissait la culture la plus raffinée de l'époque : la civilisation occitane issue du mythe de la chevalerie, de l'honneur chevaleresque et de l'amour-courtois, honorée par les troubadours.
Quelques dates à retenir (1208-1244)
1208 15 Janvier Assassinat du légat du pape Pierre de Castelnau par un écuyer du comte de Toulouse.Le pape ordonne de la croisade contre les Albigeois sous la conduite de Simon de Monfort.
1209 20 Juillet Prise de Béziers et de Carcassonne.
1211 10 juin Début du siège de Toulouse par les armées de Simon de Montfort.
1212 11 novemvre Victoire des armées catholiques contre le comte de Toulouse à Castelnaudary.
1213 12 septembre Victoire des armées catholiques contre le comte de Toulouse et le roi d’Aragon lors de la bataille du Muret.
1217 10 septembre Simon de Monfort, devenu comte de Toulouse est chassé de la ville par une révolte.
1218 25 juin Mort de Simon de Montfort, lors du second siège de Toulouse.
1229 12 avril Traité de Paris, Beaucaire Nîmes et Carcassonne sont rattachés au royaume de France.
1232 05 juillet Institution de l’Inquisition par le pape Grégoire IX.
1233 04 mars Instauration de l’inquisition à Toulouse et dans le Languedoc.
1242 21 juillet Victoire sur Henri III et les Poitevins à Taillebourg et à Saintes.
1243 03 Janvier Traité de Lorris entre Louis IX et Raymond VII, comte de Toulouse.
1244 20 mars Capitulation de la forteresse cathare de Montségur.