Les Croisades 7 et 8
7 ème Croisade
En 1248, la Terre Sainte est reprise par les infidèles : le sultan d'Egypte a repris Jérusalem qui avait été restituée aux occidentaux suite aux négociations de la 6ème croisade, et a massacré l'armée franque.
Louis IX entreprend donc une expédition au cœur de l'Egypte afin d'attaquer les sarrasins au cœur de leur puissance, espérant forcer le sultan à céder Jérusalem.
Cependant l'ardeur religieuse est moindre, Louis IX est obligé de forcer un certain nombre de ses proches à prendre la croix avec lui. Il part avec sa femme Marguerite de Provence et ses deux frères, Robert d'Artois et Charles d'Anjou.
Le roi embarque à Aigues-Mortes, un port royal en construction qui permettra à la France d'avoir un débouché sur la Méditerranée.
Après une escale à Chypre, les croisés s'emparent de la ville de Damiette, puis se préparent à marcher sur Le Caire où résidait le sultan. Elle ne parvient pas à son but, car elle fut assaillie en route par les sarrasins et taillée en pièces à Mansourah.
Le frère du roi, Robert d'Artois est tué avec bon nombre de ses chevaliers, le roi et le reste de l'armée furent faits prisonniers. Après négociation, Louis IX est libéré contre une énorme rançon de 400 000 livres (payée partiellement par les Templiers).
Saint Louis passa encore quatre années en Terre sainte, aidant les principautés franques à réorganiser leur système de défense.
Les renforts sur lesquels il comptait ne venant pas, il finit par rentrer en France, en 1254. C'est également la mort de sa mère, Blanche de Castille, qui assurait la régence, qui va décider Louis à rentrer après six années d'absence.
Malgré l'échec de la croisade, Saint Louis gagna le respect et la considération du pape.
8 ème Croisade
L'échec de la septième croisade, que Saint Louis interpréta comme une punition divine l'affecta beaucoup. Pourtant au XIIIe siècle, l'Europe n'est plus, comme au XIIème siècle, mobilisée contre les infidèles.
Comme le disait le poète Rutebeuf : "On peut bien gagner Dieu sans bouger de son pays, en vivant de son héritage. Je ne fais de tort à personne. Si je pars, que deviendront ma femme et mes enfants ?
Il sera temps de se battre quand le sultan viendra par ici. "
Le danger représenté par les musulmans était devenu moins pressant : déjà expulsés de Sicile, ils étaient méthodiquement refoulés de la péninsule Ibérique.
Bien que le tombeau du Christ fût à nouveau sous le contrôle de l'islam, la ferveur religieuse était retombée, de même que s'était dissipé l'espoir d'une colonisation facile et d'une fortune rapide qui nourrissait les rêves des petits seigneurs.
De ce point de vue, Saint Louis n'était pas en accord avec son temps : les bourgeoisies marchandes avaient compris qu'on ne pourrait déloger ni contenir l'islam, mieux valait s'accommoder de son existence et entretenir des relations avec lui.
L'état de la Syrie va chaque jour en empirant. Les guerres intestines entre les princes latins continuent comme par le passé les colonies commerciales de Venise, de Gênes et de Pise se font une guerre ouverte, qui, commencée en 1258, se prolonge jusqu'en 1270,
pour reprendre avec une nouvelle fureur en 1282. Gênes, vaincue par sa rivale, en arrive à s'allier avec l'empereur grec, Michel Paléologue, contre les Latins de Byzance (1264) et contribue ainsi pour sa part à la chute de la domination occidentale sur
le Bosphore (1261). Longtemps ces discordes, tout en affaiblissant le royaume de Jérusalem, n'ont pas de conséquences trop funestes. Les musulmans d'Égypte et de Syrie se font eux-mêmes la guerre et ont à repousser les attaques des Mongols.
Ceux-ci, sous Houlagou, détruisent le califat de Bagdad (1258), s'emparent Alep et de Damas (1259). Les princes chrétiens s'allient à eux, mais cette alliance allait se transformer en une guerre ouverte, quand Houlagou est rappelé dans l'Asie centrale
par la mort du grand khan. C'est alors que les musulmans rentrent en scène après une longue série de révolutions, un émir, Qothoz, s'installe en Égypte, envahit la Syrie, bat les Mongols à Emesse près de l'Oronte il est tué par Bibars, mais celui-ci,
prince astucieux et cruel, musulman fanatique, soumet toute la Syrie musulmane, et nouveau Salah-eddin, se donne pour tâche la destruction des anciens établissements chrétiens.
La papauté elle-même, tout occupée à poursuivre l'extermination de la dynastie des Hohenstaufen, se montre indifférente au retour en force des musulmans.
Seul, Louis IX, qui n'a jamais perdu l'espoir de tenter une nouvelle croisade, s'efforce par des envois d'argent et de soldats de soutenir le courage des chrétiens d'Orient.
Dès 1261, il invite sa noblesse à prendre la croix il la prend lui-même en 1267, avec ses fils et bon nombre de grands barons mais beaucoup de seigneurs, et parmi eux le fidèle Joinville, refusent de suivre cet exemple.
Le roi et son frère Alfonse de Poitiers rassemblent tout l'argent qu'ils peuvent et négocient avec Venise et Gênes pour avoir des vaisseaux. Dès février 1268, saint Louis fixe son départ au printemps de 1270.
Après une première campagne de reconnaissance en 1263, Bibars en 1264 avait battu les Mongols et leurs alliés les Arméniens, puis, dès 1265, il s'attaque aux villes chrétiennes de la côte :
Césarée succombe, puis Arsouf défendue par les hospitaliers en 1266 il prend Safed, forteresse des Templiers, et détruit près de Tibériade une petite armée de Chypriotes.
En 1267 et 1268, il attaque Joppé, prend Beaufort, place du Temple, enfin le 27 mai 1268, Antioche succombe et la Syrie du Nord est à tout jamais perdue pour les chrétiens. Saint Louis cependant se dispose au départ.
Il compte sur l'appui de Jacques d'Aragon, mais la flotte de ce prince est dispersée par une tempête (septembre 1269) lui-même revient à Barcelone et seuls quelques Espagnols peuvent atteindre la Syrie.
Il compte aussi sur Édouard, prince d'Angleterre, mais celui-ci arrivera trop tard, en somme, il ne trouve de secours en dehors de la France qu'en Frise, d'où quelques milliers de braves gens viendront joindre la flotte française sous Tunis.
Car c'est à Tunis que saint Louis veut aller. Il s'est laissé séduire par son frère l'artificieux Charles d'Anjou, qui veut punir l'émir de cette ville, allié de Manfred, et l'obliger à payer tribut on fait croire à saint Louis qu'il ne
rencontrera aucune résistance, que l'émir désire se faire chrétien. La flotte met à la voile le 1er juillet 1270 le 8, elle atteint Cagliari en Sardaigne le 16, et jette l'ancre devant Tunis le port était sans défense,
l'armée s'installe définitivement sur les ruines de Carthage. Une attaque un peu hardie eût livré Tunis mais saint Louis voulait attendre Charles d'Anjou.
Cependant l'épidémie s'est mise dans l'armée l'une des premières victimes est un fils du roi, Jean Tristan, comte de Nevers, qui né en Afrique en 1249 revenait y mourir à l'âge de vingt ans.
Quelques jours après le roi tombe malade à son tour et expire le 25 août. L'expédition était dès lors compromise. Charles d'Anjou, qui arrive le jour même de la mort de son frère, ne cherche qu'à la faire tourner à son profit il défait les Sarrasins en plusieurs rencontres et impose à l'émir de Tunis un traité avantageux pour le royaume de Sicile (octobre-novembre 1270).
Le bruit courut qu'il avait été acheté ce n'était qu'un bruit sans consistance, mais à vrai dire seul le comte d'Anjou retirait de la croisade un avantage quelconque. Les Français regagnent enfin la Sicile là les Frisons les quittent et se dirigent vers l'Orient.
Philippe le Hardi et son oncle se mettent en route pour la France.
Au début d'octobre, Édouard, prince d'Angleterre, avait rejoint l'armée française devant Tunis il avait pris la croix dès 1266 et reçu de saint Louis (Louis IX) de fortes avances pour subvenir aux frais de l'expédition.
L'honneur lui commandait de tenter quelque chose. Après avoir passé l'hiver à la cour de Naples, il met à la voile au printemps de 1271 et atteint Acre au mois de mai mais tous ses exploits se bornent à quelques razzias sur les troupeaux des bergers turcs,
et il ne peut empêcher les chrétiens de Syrie de conclure en 1272 une paix de onze ans avec Bibars, heureux de s'assurer ainsi les moyens de vaincre les Mongols.
Quelques semaines plus tard Édouard repartait pour l'Europe. L'échec de la croisade avait rendu toute son activité au sultan Bibars.
Au commencement de l'an 1271, il assiège et prend la fameuse citadelle des hospitaliers, le Krak, dont les ruines subsistent encore aujourd'hui un peu après il attaque Montfort, place des Chevaliers teutoniques mais il échoue dans une expédition navale
contre Chypre et accorde à ses ennemis la trêve plus haut mentionnée. Cette trêve est du reste rompue dès l'an 1275 par Bibars lui même, qui profite de la minorité du prince Bohémond VIl pour soumettre la principauté de
Tripoli à un tribut annuel de 20 000 besants. La nécessité de combattre les Mongols l'oblige à remettre à plus tard ses projets contre les derniers établissements chrétiens, et il meurt à Damas le 19 juin 1277.
Depuis Salah-eddin, aucun prince musulman n'avait porté de coups plus terribles à la puissance franque en Syrie.
Cependant la papauté n'a pas renoncé à ses projets. Au concile de Lyon, réuni en 1274 par Grégoire X, on s'occupe de la réunion des deux Églises et du secours de la Terre sainte le pape fait alliance avec les princes mongols, ordonne de prêcher la croisade
et décide la plupart des souverains d Europe à prendre la croix. Mais aucun ne se résout à partir à Grégoire X succèdent des papes moins ardents, dont plusieurs ne règnent que quelques mois, et les meilleurs consacrent toute leur influence à venger
les Vêpres siciliennes et à combattre la maison d'Aragon. Aussi les chrétiens d'Orient, laissés sans secours, ne peuvent-ils profiter des guerres civiles entre musulmans qui suivent la mort de Bibars, et un émir, Qelaoun, peut établir sa domination tant
en Égypte qu'en Syrie, sans avoir à refouler leurs attaques (1270-1280). L'année suivante, il écrase entièrement les Mongols à Hims, et reprend la guerre sainte contre ses ennemis de l'Ouest.
Ceux-ci, toujours incorrigibles, usent leurs dernières forces dans des luttes criminelles on se dispute ardemment les malheureux débris de l'ancien royaume de Jérusalem, et ce n'est qu'après de longues années de résistance
qu'Acre reconnaît enfin l'autorité du roi de Chypre, Henri II (1286). Les musulmans, cependant, ont accordé des trêves aux différents partis, mais en 1285, ils rentrent en campagne, et Qelaoun entreprend la réduction des dernières places chrétiennes.
Markab et Laodicéesuccombent; en mars 1289, il paraît devant Tripoli la ville est prise après un mois de résistance et les habitants sont massacrés.
La chute d'Acre semblait imminente mais une trêve de deux ans, mal observée d'ailleurs des deux côtés, la retarde encore un instant. Enfin, en 1290, le sultan se décide à en finir et prépare tout pour une action décisive mais il meurt le 10 novembre,
sans avoir vu sa victoire. Son fils, Almelik-Alachraf, prend le commandement de l'armée et marche contre Acre. Les chrétiens ont réuni leurs dernières forces, au plus 20000 combattants, et ils ont résolu de défendre jusqu'à la mort ce dernier boulevard de leur puissance (mars 1291). Mais si beaucoup font leur devoir jusqu'à la fin et périssent les armes à la main, d'autres donnent le signal de la fuite le chef du contingent français, Jean de Gresly et le roi de
Chypre quittent la Palestine on envoie à Chypre la majeure partie des bouches inutiles, mais les vaisseaux manquaient, et quand le 18 mai l'ennemi, qu'excitent les prédications des derviches, pénètre dans la place, quantité de femmes et d'enfants restent
encore exposés à la fureur des hordes égyptiennes. Le sac d'Acre, à en croire les témoins oculaires, dépassa en horreur tout ce qu'on avait vu jusqu'alors, et les Turcs y donnèrent librement carrière à tous leurs instincts brutaux.
La domination chrétienne était à jamais ruinée en Syrie, et ce malheureux pays perdait pour toujours la prospérité dont il avait joui pendant de longues années.
Les dernières places tenues par les Occidentaux, Tortose, Beyrouth, Tyr, sont évacuées sans résistance.